Les meilleurs conseils de Jackie Jantos, présidente & CMO de Hinge

ll y a des secteurs où le marketing se réinvente tous les cinq ans. Il y des secteurs où le marketing n’a pas changé depuis des années. Et puis, il y a des secteurs où tout est à écrire et les applis de rencontre en font partie.

C'est qui la Boss ?
5 min ⋅ 21/03/2025

Quand on veut construire une stratégie que dépote, c’est toujours bon d’aller regarder de leur côté. Et pour vous, on a rencontré la star des applis de rencontres, Jackie Jantos, la directrice marketing de Hinge et tout fraîchement nommée présidente de l’entreprise. Tour d’horizon de ses meilleurs conseils.

Clara-Douce : Avant de rejoindre Hinge, vous avez travaillé chez Spotify, Dashlane et Coca-Cola. Qu’est-ce qui vous a attirée chez Hinge ?

Jackie Jantos : J’ai grandi au Japon, à un moment où très peu d’étrangers venaient en voyage, en particulier pour le tourisme. Dès mon plus jeune âge, les marques internationales ont donc toujours été sur mon radar, car elles représentaient une connexion avec mon pays d’origine, les États-Unis. Coca-Cola, par exemple, était omniprésent. Cette fascination pour les marques globales a guidé mon parcours professionnel : d’une grande agence de publicité à Coca-Cola, puis Spotify, où j’ai aidé à bâtir une marque à l’échelle mondiale.

Mais ça n’explique pas tout. Ce qui m’attire le plus dans une marque, c’est surtout son alignement avec des valeurs fortes et une mission utile. J’aime les marques qui connectent les cultures et touchent les jeunes adultes, ceux qui façonnent le monde de demain. Les transformations culturelles à travers les médias et la technologie me passionnent. Y compris pour les relations humaines, et donc les applications de rencontres ! J’ai d’ailleurs rencontré mon mari sur Match.com, à une époque où l’univers des applications de rencontres était très différent. Ce qui m’a séduite chez Hinge, c’est la philosophie : c’est une application conçue pour être supprimée. Elle incarne un véritable engagement envers l’utilité et la création d’expériences positives pour les utilisateurs. C’était un alignement parfait avec mes valeurs et mes centres d’intérêt.

C.-D. : Qu’est-ce qui vous a particulièrement marquée en arrivant chez Hinge ?

J.J. : La culture d’entreprise est unique. Cela n’a rien à voir avec ce que j’ai connu jusqu’à maintenant. Dans les grandes marques mondiales, l’image est souvent inspirante et idéaliste, mais la culture interne peut être très différente. Chez Hinge, il y a une vraie cohérence entre la mission de la marque et la manière dont l’équipe fonctionne. C’est une entreprise où il fait bon travailler, et c’est ce qui m’a le plus impressionnée.

C.-D. : Vous souvenez-vous de votre première campagne chez Hinge ?

J.J. : Il y en a eu tellement ! Dès mon arrivée, j’ai adopté l’approche "construire des programmes, pas seulement des campagnes". C’était déjà une stratégie de l’entreprise et j’y ai souscrit immédiatement à 100%. L’un des premiers projets sur lesquels j’ai travaillé concernait Hingy, la mascotte de notre application. Hinge est l’une des rares applications à avoir une identité visuelle aussi forte, et nous avons cherché à réinventer Hingy pour mieux parler aux nouvelles générations, notamment à la Gen Z. Nous avons travaillé sur un ton humoristique inédit pour créer un lien plus fort avec ce public.

C.-D. : Quelle campagne vous rend la plus fière ?

J.J : Sans hésitation, Match Notes. C’est une fonctionnalité de l’application qui permet de donner des informations personnelles à une personne avec laquelle on a matché, sans pour autant l’afficher sur son profil. L’idée est de permettre aux utilisateurs de partager plus d’informations sur eux-mêmes, notamment pour les minorités moins représentées sur les applications de rencontres, et ainsi d’améliorer les correspondances.

Pour Match Notes, nous avons mené des recherches approfondies et collaboré directement avec des personnes trans afin de garantir que cette fonctionnalité réponde réellement à leurs besoins.  Cette fonctionnalité illustre parfaitement notre approche : "concevoir avec, et non pour". Lorsque nous développons un produit, nous impliquons nos utilisateurs dès la conception. Nos employés sont eux-mêmes des utilisateurs de l’application, ce qui enrichit notre processus. C’est un projet qui incarne parfaitement notre engagement envers l’inclusivité et l’utilité.

C.-D. : Comment imaginez-vous l’évolution des applications de rencontres dans les prochaines années ?

J.J : Les applications de rencontres sont déjà un moyen incontournable de rencontrer un partenaire, notamment en Europe, où Hinge est l’une des apps les plus téléchargées. Cette tendance va se poursuivre.

Mais nous devons aussi reconnaître que l’expérience utilisateur peut être frustrante. Les relations sont complexes, et les attentes, souvent irréalistes. L’avenir des applications de rencontres passera par plus d’empathie et une meilleure compréhension des attentes culturelles et générationnelles.

L’intelligence artificielle va profondément transformer notre façon de vivre et de nous connecter. Elle pourrait permettre d’améliorer les recommandations de matchs, d’aider les utilisateurs à mieux naviguer dans leurs relations et de renforcer la sécurité sur les applications.

Chez Hinge, nous accordons une attention particulière aux femmes. Notre base d’employés reflète celle de nos utilisateurs, ce qui nous permet de mieux répondre à leurs besoins. Nous avons mis en place Hinge Labs, un laboratoire d’innovation dédié à l’amélioration de l’expérience des femmes sur l’application. Nous collaborons également avec des créatrices de contenu pour faire entendre leur voix et intégrer leur perspective dans nos programmes.

C.-D. : Y a-t-il un rituel ou un environnement qui stimule votre créativité ?

J.J. : J’ai toujours été attirée par les marques qui engagent les jeunes générations. Mon environnement est essentiel à ma créativité : être entourée de personnes issues de milieux et d’expériences différentes m’enrichit. Je suis convaincue que la diversité des perspectives nourrit l’innovation.

L’un des plus grands privilèges que j’ai en tant que leader, c’est d’avoir une influence sur les talents que l’on recrute et développe. Être au contact d’esprits créatifs est ce qui fait avancer nos projets et nous pousse à innover.

C.-D. : À quoi ressemble une journée dans les baskets de Jackie Jantos ?

J.J. : Il n’y a pas de journée type, mais j’essaie de structurer mon emploi du temps autour de trois priorités : mon équipe, ma famille et les tâches essentielles à accomplir. Au-delà de ça, il y a une règle que je m’impose : déconnecter à 19h pour me consacrer à ma famille et à la lecture.

Je suis une grande lectrice de fiction, et je fais en sorte d’explorer des auteurs de cultures variées. Cela m’aide à comprendre d’autres perspectives et à rester connectée au monde qui m’entoure.

C.-D. : Est-ce qu’il y a une erreur que vous avez commise ? Et quelle leçon en avez-vous tiré ?

J’aurais dû mal à citer une seule erreur. Mais quand je mentore des jeunes actives, je donne toujours la métaphore de la boîte à outils. Pour bien faire son travail, il est essentiel de bien connaître les outils que l’on a à disposition, comme une boîte à outils. Après, il ne faut pas avoir peur de tester de nouvelles approches. Enfin, le dernier conseil que je donne, c’est toujours d’être utile aux autres, que ce soit à son équipe ou à ses utilisateurs. C’est essentiel pour construire sa carrière. 

C.-D. : Comment conciliez-vous ambition professionnelle et équilibre personnel pour éviter le burn-out ?

J.J. : Pour moi, tout repose sur l’alignement avec ses valeurs. J’ai toujours eu une idée claire de ce que je voulais accomplir et de l’impact que je souhaitais avoir. Mais cela demande un travail constant, c’est un vrai "muscle" à entraîner.

Je veille à être entourée de personnes aux parcours variés et à voyager autant que possible. S’ouvrir à d’autres expériences permet de prendre du recul et de rester ancré et bien dans son travail.

C.-D. : Quel est le conseil que vous auriez dû suivre plus tôt dans votre carrière ?

J.J. : Il y a une chose qu’on sous-estime toujours. C’est la transparence. Être honnête sur ce que l’on sait et ce que l’on ignore peut être inconfortable, mais c’est une qualité essentielle pour un leader. J’ai appris que partager ses défis et ses doutes renforce la confiance et la collaboration.

C.-D. : Si vous ne deviez retenir qu’une seule leçon de votre parcours, laquelle serait-elle ?

J.J. : Soyez utile. Plutôt que de chercher la carrière idéale, concentrez-vous sur la manière dont vous pouvez apporter de la valeur autour de vous. Plus vous aidez, plus les opportunités viendront à vous.

C.-D. : Trois mots pour résumer votre parcours professionnel ?

J.J : Curiosité, croissance et valeurs.


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